appel à articles n.13

« L’égalité par les chiffres : production et usages sociaux des nombres contre les discriminations »

Appel  A Articles n.13

Sous la direction de Vincent-Arnaud Chappe et Mireille Eberhard

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Il y a près de vingt ans, au cours des assises de la citoyenneté, le premier ministre de l’époque Lionel Jospin mettait la lutte contre les discriminations raciales au cœur du projet républicain. Depuis la fin des années 1990, les pouvoirs publics ont mis en place un certain nombre d’outils, notamment juridiques, pour lutter contre les discriminations quelque soient leurs « critères » (race ou origine, nationalité, sexe/genre, âge, santé, handicap, orientation sexuelle, activité syndicale, etc.) ; les entreprises, administrations et collectivités territoriales ont adopté des politiques en interne en faveur de l’égalité et de la « diversité » ; les mouvements sociaux se sont emparés de la thématique des discriminations pour porter leur cause ; plus largement, le qualificatif de « discrimination » est largement rentré dans le vocabulaire commun, que ce soit pour désigner des nouvelles formes d’inégalités ou pour requalifier des luttes plus anciennes.

L’évaluation qu’on peut faire de ces politiques apparaît néanmoins très mitigée, voire paradoxale : les discriminations raciales, une des premières cibles historiques des luttes contre les discriminations, semblent toujours aussi massives et peu combattues, à tel point que Patrick Simon pouvait affirmer à leur propos que « la lutte contre les discriminations n’a pas eu lieu » (Simon, 2015). Concernant d’autres critères, des progrès plus palpables ont néanmoins existé – notamment contre les discriminations sexistes, liées à l’activité syndicale ou au handicap – même si d’énormes progrès restent à faire pour atteindre une véritable égalité.

Le constat de ces différences d’investissement des critères de discrimination (sur le plan politique, juridique et militant), doit amener à se pencher sur les facteurs explicatifs : ce numéro des Cahiers de lutte contre les discriminations vise ainsi à interroger à nouveau frais la question des appuis statistiques et de leurs effets sur la lutte contre les discriminations.

Cette question a particulièrement fait débat dans le domaine des discriminations ethno-raciales, de nombreux acteurs et chercheurs pointant l’insuffisance de données statistiques, par comparaison avec d’autres domaines. La question de la nécessité ou du danger des statistiques ethno-raciales n’est pas nouvelle : elle a resurgi à de multiples reprises depuis la fameuse « controverse des démographes » à la fin des années 1990, controverse qui a pris un tournant plus directement politique (au sens institutionnel du terme) en 2007 après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Les positions ont semblé assez figées, opposant des partisans d’une facilitation de telles mesures pour lutter contre les discriminations, à des opposants estimant que de telles mesures produiraient des effets de réification des identités racisées contraires aux principes républicains.

Au-delà de ce débat pour ou contre le décompte, peu a été dit sur la fabrique et sur les usages sociaux, effectifs ou potentiels, des nombres de la discrimination. Ceux-ci renvoient à l’ensemble des mesures quantifiées (avec des niveaux de sophistications variables) produites pour juger une situation comme discriminatoire ou non : testing, quota, écart salarial brut, résultat de régression multilinéaire, etc.. Joan Stavo-Debauge a insisté sur l’importance de telles statistiques ethno-raciales pour le passage du droit, et a également souligné comment elles « manquent » dans certains dispositifs de politiques publiques. Les travaux sur les Etats-Unis, ceux de Robin Stryker ou de Daniel Sabbagh par exemple, ont montré l’importance de telles statistiques pour prouver les discriminations raciales devant les juridictions en termes de disproportionate impact ou de discrimination indirecte. Au-delà des discriminations raciales, des travaux récents ont insisté sur l’importance des appuis statistiques dans le contentieux de la discrimination syndicale et dans l’adoption de dispositifs préventifs ; les discriminations sexistes et les politiques d’égalité professionnelle ont été quant à elles l’objet d’investigations concernant les enjeux de la production de données quantifiées dans les organisations, leurs usages et leurs appropriations par des acteurs divers.

Cette question apparaît comme fondamentale si l’on veut poursuivre la réflexion sur le rôle des statistiques pour la cause de l’égalité. Elle ne se résume pas à une interrogation binaire sur la nécessité de faire évoluer ou non le cadre légal de la production des données quantifiées, mais ouvre de multiples pistes de réflexion sur les différentes formes de nombres (bruts, ratios, indices synthétiques, issus de testings, de méthodes statistiques complexes, etc.), leur condition de production, les acteurs qui y sont attachés, leur inscription dans des dispositifs organisationnels, leur agencement, leur performativité, etc. On peut ainsi poser plusieurs questions de façon non exhaustive : où et à quelles occasions sont produits des nombres sur les discriminations, par qui et comment ? Que décide-t-on de chiffrer ou non ? Quels indicateurs sont-ils retenus, au détriment d’autres, pour tel ou tel type d’inégalité ? On veillera, à cet égard, à prêter attention aux discriminations « incomptées », non dénombrées, tout autant qu’à celles qui le sont. Quelles difficultés cette production implique-t-elle (pour récupérer les données, les mettre en forme, construire des catégories d’équivalence, etc.) et quels conflits concernant leur interprétation et leur usage ? Quelles places prennent ces données dans les différents dispositifs et organisations où elles sont produites ? Servent-elles à créer des consensus, à faire preuve, à attaquer, à se défendre ? Et finalement, quels effets ont-elles ? Permettent-elles réellement de lutter contre les discriminations (et quelles discriminations dans ce cas-là) ? Participent-elles à l’émergence de « publics » concernés ? Peuvent-elles être utilisées pour légitimer des situations de domination en masquant les rapports de force derrière leur objectivité revendiquée ?

Ces différentes questions amènent à faire dialoguer les sciences sociales des discriminations telle qu’elles sont investies par différentes approches (analyse des organisations, du droit, des politiques publiques, etc.) avec la sociologie de la quantification. Au-delà de la valorisation a priori de l’importance de compter ou au contraire de la dénonciation des effets normatifs des nombres, les recherches sur les processus de quantification offrent des outils conceptuels précieux pour appréhender les processus sociaux de construction des nombres et leur appropriation par des acteurs divers (État, entreprises, organisations internationales, juristes, militants, etc.). Le présent numéro des Cahiers de la LCD permettrait donc d’avancer dans cette thématique en regroupant des travaux déjà entamés sur ces questions, en visibilisant les modalités de construction et les usages sociaux des chiffres pris dans leur pluralité et parfois leur caractère expérimental, et en ouvrant à d’autres contextes nationaux que la France où les usages des données diffèrent. Les contributions issues de différentes disciplines des sciences sociales engagées dans la réflexion sur la mesure des discriminations (ex. sociologie, économie, science politique, droit, histoire, psychologie sociale…) sont les bienvenues.

Bibliographie indicative

Bruno I., Didier E., Prévieux J., 2014, Statactivisme. Comment lutter avec des nombres, Paris, La Découverte.

Calvès G., 2007, « Au service de la connaissance et du droit : le testing », Horizons stratégiques, 3, p. 8–16.

Chappe V.-A., 2019, « Mobilisations syndicales et statactivisme institutionnel », Revue d’anthropologie des connaissances, Vol. 13, N°4, 4, p. 1097‑1122.

Chappe V.-A., Denis J.-M., Guillaume C., Pochic S., 2019, La fin des discriminations syndicales ? Luttes judiciaires et pratiques négociées, Bellecombes-en-Bauges, Editions du Croquant.

Coron C., 2018, « La définition des indicateurs sociaux, entre recherche d’objectivation et enjeux de pouvoir : le cas de l’égalité professionnelle », Gestion 2000, Volume 35, 3, p. 109‑128.

Espeland W.N., Stevens M.L., 2008, « A sociology of quantification », European Journal of Sociology, 49, 03, p. 401–436.

Héran F., 2010, Inégalités et discriminations – Pour un usage critique et responsable de l’outil statistique : rapport du comité pour la mesure de la diversité et l’évaluation des discriminations (COMEDD), Paris, La Documentation française, 272 p.

Hirschman D., Berrey E., Rose-Greenland F., 2016, « Dequantifying diversity: affirmative action and admissions at the University of Michigan », Theory and Society, 45, 3, p. 265‑301.

Leclerc O., 2013, « Egalité des personnes et modes de preuve. A propos des usages du raisonnement statistique dans la preuve des discriminations », dans Borenfreund G., Vacarie I. (dirs.), Le droit social, l’égalité et les discriminations, Paris, Dalloz, p. 77‑94.

Mennicken A., Espeland W.N., 2019, « What’s New with Numbers? Sociological Approaches to the Study of Quantification | Annual Review of Sociology », Annual Review of Sociology, 45.

Pochic S., Chappe V.-A., 2018, « Battles through and about statistics in French pay equity bargaining: The politics of quantification at workplace level », Gender, Work & Organization, 26, 5.

Revillard A., 2019, Handicap et travail, Paris, Presses de Sciences Po.

Sabbagh D., 2003, L’égalité par le droit : les paradoxes de la discrimination positive aux États-Unis, Paris, Economica.

Simon Patrick, 2015, « La lutte contre les discriminations n’a pas eu lieu »,. Mouvements, vol. n° 83, n° 3, p. 87‑96.

Simon P., Stavo-Debauge J., 2004, « Les politiques anti-discrimination et les statistiques : paramètres d’une incohérence », Sociétés contemporaines, 1, p. 57–84.

Stavo-Debauge J., 2005, « Mobiliser les pouvoirs de la statistique pour l’action antidiscriminatoire : le cas du Royaume-Uni », Revue internationale des sciences sociales, n° 183, 1, p. 49‑62.

Stavo-Debauge J., 2011, « En quête d’une introuvable action antidiscriminatoire. Une sociologie de ce qui fait défaut », Politix, 94, 2, p. 81‑105.

Stryker R., 2001, « Disparate Impact and the Quota Debates: Law, Labor Market Sociology, and Equal Employment Policies », Sociological Quarterly, 42, 1, p. 13–46.

Ces propositions devront comprendre :

    • L’article complet (30.000 environ)
    • Une présentation de(s) auteur.e.s -2,3 publications et affiliations
    • Un résumé en français (10 lignes)
  • Privilégier des articles avec 2 niveaux de titre maximum

NORMES DE REDACTION :

  • Les notes de bas de page ne renvoient pas aux références bibliographiques mais permettent d’indiquer des éléments n’apparaissant pas dans le texte.
  • Les références s’écrivent dans le texte (NOM, Date) : si plusieurs références d’un même auteur renvoient à la même date, merci d’accoler à cette dernière une lettre (a, b, c) que l’on retrouvera en bibliographie.
  • Pour les livres : Nom Initiale du prénom. (date), Titre du livre, édition, collection, date.
  • Pour les articles : Nom Initiale du prénom. (date), « Titre de l’article », Nom de la revue, numéro, volume, pagination (ex : pp. 10-20).
  • Pour un chapitre de livre : Nom Initiale du prénom. (date), « Titre de l’article », in Titre du livre (Nom de / de la dir., Initiale du prénom, dir.), éditeur, coll., pagination (ex : pp. 10-20).
  • Pour les articles électroniques, merci de compléter vos références par : Disponible sur : lien. Consulté le : Jour / Mois / Année.
  • Les citations (textes ou entretiens) sont proposées en « italique ».
  • Chaque auteur.e soulignera 2-3 phrases importantes de son texte afin que ces dernières puissent être mises en exergue lors de la mise en page.
  • Les illustrations utilisées doivent être libre de droits (ou fournies avec un accord d’utilisation). Les graphiques et illustrations sont numérotés et comprennent titre et légende.
  • La revue propose enfin aux auteur.e.s qui souhaitent démasculiniser leurs textes de privilégier l’écriture inclusive par l’usage des points médians (et non des points de ponctuation).

Les articles feront l’objet d’une double expertise par les membres de comité scientifique

CALENDRIER

Les articles sont attendus pour le 15/11/2020 aux adresses mails suivantes

            Vincent.chappe@gmail.com

            Mireille.eberhard@univ-paris-diderot.fr

            Cahiers.lcd@gmail.com

 

Un retour aux auteurs sera effectué vers le 15/12

Une version définitive des articles est attendue pour le 15 mars 2021

Sortie du numéro : juin 2021

appel à articles n.11

Les Cahiers de la LCD

Appel à articles numéro 11

L’inclusion ou la fin de la discrimination pour les personnes handicapées :
Chimère ou réalité ?

(Sous la direction d’Hugo Dupont[1])

L’actualité dans le champ du handicap est à l’inclusion. Ce terme devenu à la mode dès qu’il s’agit de handicap, fait l’objet de nombreuses utilisations qu’elles soient politiques, juridiques ou savantes, dans des domaines aussi variés que l’espace public, l’emploi, l’éducation et la formation, la culture, le logement, etc. Ce mot est en train de remplacer peu à peu ceux d’intégration et d’insertion devenus paria. Nous pouvons citer rapidement deux exemples parmi tant d’autres pour étayer nos propos. Le premier, dans le champ de l’éducation, est la redéfinition en 2009 des Classes pour l’intégration scolaire (CLIS) en Classes pour l’inclusion scolaire (les CLIS sont depuis devenues des Unités localisées d’inclusion scolaire – ULIS-école). Le second, dans le champ de l’emploi, est celui du remplacement très récent, par un décret du 19 novembre 2018, du Conseil national de l’insertion par l’activité économique par le Conseil de l’inclusion dans l’emploi.

Dans le champ académique, nous ne comptons plus les mémoires, thèses, publications et ouvrages qui prennent pour objet le handicap et dont le titre contient les mots inclus, inclure, inclusion ou inclusif / ve. Pour ne citer que des ouvrages récents, référons-nous aux travaux de Serge Ebersold (Education inclusive : privilège ou droit ?, 2017), de David M. Engel et Frank W. Munger (Le droit à l’inclusion. Droit et identité dans les récits de vie des personnes handicapées aux Etats-Unis, 2017), d’Hélène Buisson-Fenet et Olivier Rey (Inclure le handicap, recomposer l’école ?, 2018) ou encore Magdalena Kohout-Diaz (L’éducation inclusive. Un processus en cours, 2018).

Si la sémantique de l’inclusion est aujourd’hui reprise partout et devient, revers de la médaille du succès, polysémique, il est au départ un concept qui ouvre un champ des possibles aux personnes handicapées en leur retirant l’obligation de devoir s’adapter au monde des valides et en leur donnant la légitimité de pouvoir exiger le fait que c’est à ce dernier de devoir s’adapter à eux. Le concept d’inclusion venait ainsi remplacer la notion d’intégration qui portait en elle l’exigence imposée aux personnes handicapées de devoir faire un effort pour s’intégrer. « L’objectif de l’intégration est de faire entrer dans un ensemble, d’incorporer. Il s’agit de procéder, comme on le dit en astronautique, à l’assemblage des différentes parties constitutives du système, en veillant à leur compatibilité et au bon fonctionnement de l’intégralité. Un élément extérieur, mis dedans, est appelé à s’ajuster à un système préexistant. Ce qui est ici premier est l’adaptation de la personne : si elle espère s’intégrer, elle doit, d’une manière assez proche de l’assimilation, se transformer, se normaliser, s’adapter ou se réadapter. Par contraste, une organisation sociale est inclusive lorsqu’elle module son fonctionnement, se flexibilise pour offrir, au sein de l’ensemble commun, un « chez soi pour tous ». Sans neutraliser les besoins, désirs ou destins singuliers et les résorber dans le tout. » (Gardou, 2012, pp. 36-37).

Ainsi, si on pousse la logique de l’inclusion, une société inclusive appliquerait une politique qu’on pourrait qualifier de préventive face au handicap. Nous voulons dire par là qu’elle ferait en sorte que jamais aucun obstacle ne se dresse devant un individu présentant une spécificité intellectuelle, physique, sensorielle, psychique ou autre. Une telle politique s’opposerait à une logique d’action curative et qui chercherait à compenser localement et individuellement le problème rencontré par un tel individu après qu’un groupe d’experts ait pris le temps de se pencher sur l’évaluation de la nature et de l’intensité de l’obstacle rencontré et de la légitimité de la demande exprimée par celui-ci.

Ainsi appliquée à la société et aux institutions les plus socialisatrices dans l’expérience sociale des individus, telles que l’entreprise, l’école, les lieux culturels, etc., cette logique inclusive garantirait la fin de la discrimination des personnes handicapées sans avoir besoin d’invisibiliser leurs stigmates. « Une société inclusive est une société sans privilèges, sans exclusivités ni exclusion. Sans hiérarchisation. Sans ligne Maginot pour « se protéger » de ceux qui font l’épreuve d’un dysfonctionnement de leur corps ou de leur esprit, et épuisent leurs forces à résister au danger de néantisation.  Ils n’ont pu choisir leur destin : ils l’auraient souhaité mais ils n’ont pas eu cette latitude. Nul n’a le droit de les dépouiller de leur part légitime du patrimoine commun ; de les priver du droit à avoir des droits. » (Gardou, 2012, p.151).

Depuis 2016, en France, la politique publique en matière de handicap semble vouloir se donner les moyens, en tout cas dans les discours et les textes, de rendre notre société plus inclusive. Citons deux exemples à nouveau. Le premier est le fait de la loi pour la refondation de l’école de la République » de juillet 2013 qui inscrit le mot inclusion dès le premier article du code de l’éducation. Le second exemple est celui de la circulaire du 2 mai 2017 relative à la transformation de l’offre d’accompagnement des personnes handicapées, signée par la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion de l’époque, Madame Ségolène Neuville. Il y est question de rendre « l’habitat inclusif », de créer une offre médico-sociale « plus inclusive » de « rechercher une meilleure inclusion des personnes handicapées », d’inclure les enfants handicapés à l’école ordinaire, etc. Depuis, les Agences régionales de santé et les rectorats de l’Education nationale ont reçu des directives précises pour agir en ce sens et ont été désignées comme devant appliquer cette politique dite du virage inclusif dans les territoires. Il est possible de multiplier les exemples de textes officiels qui usent de ce vocabulaire et disent vouloir travailler à l’évolution de la société pour la rendre plus inclusive.

Si, comme l’affirme Charles Gardou, une société véritablement inclusive n’est plus discriminante pour les personnes handicapées et si l’Etat met en place des politiques qui visent à rendre notre société plus inclusive, alors, les expériences de discriminations de la part des personnes handicapées devraient s’atténuer. Partant de ce constat théorique, cet appel à article pour les Cahiers de la Lutte Contre les Discriminations cherche à recenser des travaux capables de décrire la façon dont la société et les institutions qui la composent prétendent, parviennent ou échouent à se rendre plus inclusives et ainsi de percevoir la façon dont les discriminations envers les personnes handicapées s’expriment dans ce nouveau contexte. Les formes et les logiques légitimantes de disqualifications et de discriminations des personnes handicapées persistent-elles et évoluent-elles en même temps et malgré le fait que s’affirme, dans les discours et les textes au moins, une logique inclusive ? L’objectif est de permettre d’avoir une lecture de la réalité sociale en la matière éloignée des discours politiques et médiatiques grandiloquents qui n’ont de cesse, pour se légitimer, d’affirmer que notre société est enfin inclusive ou le sera bientôt pour les personnes handicapées (voir par exemple l’annonce de Jean-Michel Blanquer et de Sophie Cluzel qui affirment que l’école sera pleinement inclusive en 2022).

Nous avons bien conscience que la sémantique de l’inclusion s’applique également à d’autres populations (personnes migrantes, gens du voyage, etc.) mais cet appel à article a pour vocation à se concentrer sur la question de l’inclusion de personnes handicapées, ne serait-ce que du fait des compétences limitées du directeur du numéro. En revanche, il n’exclut pas des propositions s’interrogeant sur une éventuelle discrimination intersectionnelle et l’intérêt d’une approche fondée sur l’inclusion dans de pareils cas. Enfin, il ne trace aucune frontière institutionnelle ou nationale : tous travaux prenant appui sur une réalité empirique quelle qu’elle soit sont les bienvenus, qu’il s’agisse de l’école, de l’emploi, de l’espace public, de l’accès à la culture, etc. que ce soit en France, en Europe ou ailleurs dans le monde. Sont les bienvenus également des recensions d’ouvrages sur le sujet, qu’il s’agisse des travaux cités dans cet appel à articles ou non.

Bibliographie :

BUISSON-FENET Hélène et REY Olivier, Inclure le handicap, recomposer l’école ?, Paris, ENS Editions.

EBERSOLD Serge (2017), Education inclusive : privilège ou droit ?, Grenoble, PUG.

ENGEL David M. et MUNGER Frank W. (2017), Le droit à l’inclusion. Droit et identité dans les récits de vie des personnes handicapées aux Etats-Unis, Paris, Editions de l’EHESS.

GARDOU Charles (2012), La société inclusive, parlons-en !, Toulouse, Editions érès.

KOHOUT-DIAZ Magdalena (2018), L’éducation inclusive. Un processus en cours, Toulouse, Editions érès.

Style des propositions à contributions attendus :

  • Les propositions d’articles sont attendues avant le 02 septembre 2019.
  • Les propositions devront comprendre :
  • L’article complet (30.000 environ)
  • Une présentation de(s) auteur.e.s -2,3 publications et affiliations et adresse mail
  • Un résumé en français (10lignes)
  • Entre 3 et 5 mots clés
  • Les normes de mise en page sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.lescahiersdelalcd.com/appel-a-articles/appel-a-articles-permanent/

Dates limites d’envoi et conditions :

  • L’ensemble des articles soumis à expertise devront-être envoyés à l’adresse suivante avant le 02 septembre 2019 : lcd@gmail.com et hugo.dupont@univ-poitiers.fr
  • Les articles feront l’objet d’une double expertise
  • Les auteur.e.s seront informé.e.s de la recevabilité de leur proposition, ou de la correction et types de corrections le 21 octobre 2019
  • Les articles retenus devront être envoyés modifiés, avant le 20 janvier 2020.

La publication de ce numéro sur est prévue en avril 2020.

[1] Hugo Dupont, Maître de Conférences en Sociologie, Université de Poitiers, Gresco (EA 3815)

 

EDUCATION POPULAIRE ET ANIMATION FACE AUX DISCRIMINATIONS (N.8)

LCD 8Pour son 8eme numéro, les cahiers de la LCD se penchent sur les questions d’animation et d’éducation populaire (sous la direction de Yaëlle Amsellem-Mainguy, Régis Cortesero et Emmanuel Porte)

 

Introduction (Yaëlle Amsellem-Mainguy, Régis Cortesero et Emmanuel Porte).

Dossier

Mésentente autour d’une expérience d’empowerment consacrée à la lutte contre les discriminations OU Discrimination, empowerment et mésentente (Hélène Balazard et Sandrine Rui).

Quand la participation de la jeunesse des cités devient politique La résistible reconnaissance des discriminations dans un conseil local des jeunes (Samir Hadj Belgacem).

Interview d’Amandine Gay et Guillaume Coti

La « pédagogie critique de la norme », sortir de la tolérance pour lutter contre les discriminations (Caroline Janvre).

 

VARIA.

« C’est mignon ton accent, tu viens d’où ? » Pour une prise en compte des rapports sociaux dans l’étude des discriminations (Romane Blassel).

 

RECENSIONS.

Laurence Rosier, De l’insulte… aux femmes, 180° éditions, 2018, 180 p. (Émilie Née).

Taharount K., « On est chez nous ». Histoire des tentatives d’organisation politique de l’immigration politique et des quartiers populaires (1981-1988), Éditions Solnitsata, 2017 (Djaouida Sehili)

 

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appel à articles n.10

APPEL A ARTICLES N.10

Mutations du Travail et « nouvelles » formes de discriminations

Sous la direction de Tanguy Dufournet et Djaouida Séhili

 

Télécharger l’AAA N.10 ici : AAC-CahiersLCD N10

S’il est un domaine qui ne peut échapper aux inégalités de traitement et à toutes les formes de discrimination, c’est bien celui du travail. Or, depuis les cinquante dernières années, celui-ci subit des mutations profondes[1]. Pour le dire synthétiquement, la mise en œuvre de modalités de travail « flexibles » a impacté les conditions d’emploi et les rapports sociaux qui en découlent[2]. En effet, pour l’essentiel, ces « nouvelles » organisations combinent un usage massif des outils d’automation dorénavant associés aux dites NTIC[3] (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), permettant de coordonner, dans le temps et l’espace, des organisations internalisées et externalisées ; un ajustement de la production, matériel ou de service, à la demande fluctuante des marchés ; et enfin un ajustement modulable des effectifs statutaires et/ou précaires. Ces transitions en cours sur le marché du travail[4] s’accompagnent de transformations institutionnelle, juridique, sociale et sociétale, dont il est encore difficile de mesurer toutes les conséquences sur les individu.e.s.

Ce numéro des Cahiers de la Lutte Contre les Discriminations entend donc s’intéresser aux mutations du travail, tant dans leurs dynamiques de transformations non stabilisées dans un contexte de chômage de masse, que dans leurs conséquences discriminatoires sur les personnes selon leur genre, classe, race, état de santé, âge, etc. Ce qui invite les auteur.e.s à les appréhender à la fois dans leur dimension interdisciplinaire et internationale. Dans ce sillage, les contributions mettant en perspective une approche intersectionnelle[5], rendant compte de la complexité des discriminations, seront particulièrement privilégiées dans ce numéro de la revue.

En fait, de nombreuses études montrent que ces nouvelles « formes particulières » de mise au travail sont surtout un prélude au précariat[6]. Également dites « atypiques », du fait qu’elles se distinguent du modèle dominant des années 50 à 70 (CDI, temps plein et unicité de l’employeur), ces formes complexes de mise au travail redéfinissent fondamentalement les collectifs de travail, jusqu’alors principalement fondées sur les métiers et les professions, et durablement situés notamment dans un même espace de production délimité, comme l’usine ou le bureau. Sur quel « commun » ces collectifs se constituent-ils ? À partir de quelles expériences partagées se fédèrent-ils ? En somme, ces mutations du travail tendent-elles à une segmentation accrue ou une atomisation des salarié.e.s ? Aussi, si collectif il y a, alors comment ces « nouveaux collectifs » sont-il nommés, valorisés, ou dévalorisés ? Comment ces mutations transforment-elles ou limitent-elles les conditions de mobilisations à visées revendicatrices ou émancipatrices ? Que disent ces collectifs du « nouveau » rapport au travail qui s’instaure ? Permettent-ils de réinventer la scission entre travailleur.euse.s et non-travailleur.euse.s ? De manière générale, quels sont les impacts sur les socialisations[7] ?

De plus, les mutations du travail en cours combinent des noyaux de personnels, souvent sous statuts différents (CDI/CDD/Intérim), l’usage de personnels permanents, mais aussi de plus en plus, l’usage de services et personnes externalisés entérinant ainsi l’idée d’une ubérisation incontournable (voire souhaitable) du travail. Comment cette invalorisation massive du travail conduit-elle ou va-t-elle conduire à la création de nouvelles figures de la précarité ?  Paradoxalement, peut-on aussi voir dans ces processus d’invalorisation du travail[8] l’occasion d’intégrer au « marché de l’emploi » des populations jusqu’alors exclues ? À quel prix/coût s’intègrent-elles ? À quoi doivent-elles éventuellement renoncer comme droits, acquis sociaux, qualité des conditions de travail, etc. ?

Enfin, et surtout, ces mutations du travail introduisent, notamment depuis ces vingt dernières années, une mixité des temps et de lieux de l’intervention productive permettant de déplacer « hors les murs » de l’entreprise, dans un travail « multi-situé[9] » tout ou partie de la réalisation des missions inscrites dans les contrats de travail vers le domicile des individu.e.s avec le développement du micro-entrepreneuriat, du télétravail, du travail occasionnel, du travail en free-lance, du travail nomade, etc. Aussi, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) devient un enjeu central dans ces formes de travail. Ici, se pose donc la question de la maîtrise de ces technologies mais également de l’accès aux espaces connectés (ruralités/urbanités, centres-villes/banlieues, etc.). Ces nouvelles formes de travail vont-elles accentuer ou réduire les inégalités territoriales ? Les NTIC, en tant qu’outil raffinant les modes de contrôle et de gestion du travail et des personnels conduisent-elles à la mise en place de stratégie de contournement ? Si oui, toutes les populations ont-elles les mêmes capacités à agir sur ces éléments qui structurent leur activité ?

Dans un cadre légal et contractualisé ou sous une forme diffuse sans plus de normativité, ces innovations se conçoivent au travers de l’essor du « travailler pour soi » (par l’intermédiaire d’une plateforme numérique) et/ou du « travailler chez soi » (par l’importation de son travail chez soi qu’il concerne directement un emploi qui s’y exerce totalement ou partiellement). Au prisme de cette acception, tout comme le travail, l’emploi (du plus stable au plus précaire) est désormais multi-situé et touche l’ensemble des strates de la société jusqu’à l’intérieur du domicile des individu-e-s. Dans ces conditions, la frontière entre ce qui se nomme encore communément, en sociologie, la sphère productive et la sphère reproductive[10] se trouve ici véritablement impactée. L’habitat joue-t-il un rôle comme vecteur d’accès ou d’éloignement à l’emploi ? Les manières d’habiter[11] impactent-elles également ce rapport au travail ? Des inégalités quant à la gestion par l’habitant.e[12] de la polymorphie spatio-temporelle[13] de la maisonnée sont-elles perceptibles ? Les femmes sont-elles encore et toujours lésée dans cette répartition des espaces où s’invite désormais le travail ? La qualité des conditions de travail ou même l’accès au travail deviennent-ils le corolaire d’un « capital logement » (studio, pièce dédiée, mise aux normes, etc.) ?

Enfin, ces mutations du travail visant à une amélioration de la productivité en investissant ou en ré-investissant une multitude d’espace comme unité de production (espace de coworking, slow coffee, domicile, bibliothèque, hall de gare, etc.) transforment-elles la hiérarchisation des compétences[14] et des savoirs professionnels[15] ? Modifient-elles les qualifications au travail[16] ? En somme quelles sont les compétences aujourd’hui valorisées ou dévalorisées et quelles conséquences cela a-t-il sur les personnes ? De plus, si la productivité devient potentiellement le nouveau paradigme du rapport au travail alors comment cela conduit-il à une extension des temps du travail au détriment d’autres temps ? Comment cela impacte-t-il l’état de santé des personnes qui peuvent, pour maintenir la cadence, ne plus prendre d’arrêt de travail ? Cela conduit-il a une augmentation des maladies socio-professionnelles (burn out, etc.) et a une mise en place méritocratique des soins ou des moyens de prévention ? En bref, ces mutations du travail conduisent-elles à faire de l’exception la règle ?

Dans ce numéro, il conviendra donc aux auteur.e.s, de saisir en quoi la détérioration du salariat, induite par ces nouvelles logiques dites collaboratives, peut induire de formes spécifiques d’inégalités et de discriminations dont les enjeux de sociabilité et d’inégalités qui en résultent sont loin d’être connues dans leurs conséquences et encore moins maîtrisés.

 

Conditions de soumission :

L’ensemble des articles soumis à expertise devront être envoyés avant le 15 décembre 2018 aux deux adresses suivantes : tanguy.dufournet@univ-lyon2.fr et djaouida.sehili@univ-lyon2.fr

Les articles feront l’objet d’une double expertise.

Les auteur.e.s seront informé.e.s de la recevabilité de leur proposition, ou de la correction et types de corrections le 15 février  2019 au plus tard.

Les articles retenus devront être envoyés modifiés, avant le 19 avril 2019

La publication du numéro 10 est prévue pour fin juin 2019

 

Ces propositions devront comprendre :

  • L’article complet (30 000 maximum)
  • Une présentation de(s) auteur.e.s -2,3 publications et affiliations
  • Un résumé en français (10 lignes)

Des notes de lecture, recensions, notes de synthèses sont aussi attendues.

Des chroniques, témoignages et entretiens peuvent être proposés en concertation avec les coordinateur.trice.s du numéro.

 

 

Normes de la rédaction

  • Les notes de bas de page ne renvoient pas aux références bibliographiques mais permettent d’indiquer des éléments n’apparaissant pas dans le texte.
  • Les références s’écrivent dans le texte (NOM, Date) : si plusieurs références d’un même auteur renvoient à la même date, merci d’accoler à cette dernière une lettre (a, b, c) que l’on retrouvera en bibliographie.
  • Pour les livres : Nom Initiale du prénom. (date), Titre du livre, édition, collection, date.
  • Pour les articles : Nom Initiale du prénom. (date), « Titre de l’article », Nom de la revue, numéro, volume, pagination (ex : pp. 10-20).
  • Pour un chapitre de livre : Nom Initiale du prénom. (date), « Titre de l’article », in Titre du livre(Nom de / de la dir., Initiale du prénom, dir.), éditeur, coll., pagination (ex : pp. 10-20).
  • Pour les articles électroniques, merci de compléter vos références par : Disponible sur : lien. Consulté le : Jour / Mois / Année
  • Les citations (textes ou entretiens) sont proposées en « italique ».
  • Chaque auteur.e soulignera 2-3 phrases importantes de son texte afin que ces dernières puissent être mises en exergue lors de la mise en page.
  • Les illustrations utilisées doivent être libre de droits (ou fournies avec un accord d’utilisation). Les graphiques et illustrations sont numérotés et comprennent titre et légende.

Bibliographie :

Carey John, « Retour vers le futur : comment les technologies de communication pénètrent dans les foyers américains », Réseaux, 29 août 2014, Les cultural studies, no 80, pp. 145‑157.

Colombo Enzo et Rebughini Paola, « Potentialités de l’intersectionnalité : réflexions à partir d’une recherche sur la précarité du travail chez les jeunes italiens », Interrogations, 15 juillet 2015, no 20, Penser l’intersectionnalité, consulté le 19 juin 2016, URL : http://www.revue-interrogations.org/Potentialites-de-l.

Dhume Fabrice, « De la discrimination du marché au marché de la discrimination », Mouvements, 2007, vol. 49, Le gouvernement des enfants, pp. 128‑136.

Dreyer Pascal et Ennuyer Bernard, Le chez-soi à l’épreuve des pratiques professionnelles: acteurs de l’habitat et de l’aide à domicile, Paris, Chronique sociale, Comprendre les personnes, 2017, 339 p.

Dubar Claude, La crise des identités. L’interprétation d’une mutation, 4e édition., Paris, Presses Universitaires de France, Le lien social, 2010, 228 p., consulté le 15 décembre 2017, URL : https://www.decitre.fr/livres/la-crise-des-identites-9782130583653.html.

Dubar Claude, La socialisation: construction des identités sociales et professionnelles, 4e édition revue., Paris, Armand Colin, Collection U, 2010, 256 p.

Dufournet Tanguy et Séhili Djaouida, « Mutations des rapports au travail », in France, 2017, consulté le 27 mai 2018, URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01545879.

Dufournet Tanguy, Séhili Djaouida et Rozenblatt Patrick, L’essor du travail chez soi et les modalités spécifiques d’organisation du travail «multi-situé» [Rapport], France, Centre Max Weber – CNRS, Université Lumière Lyon 2 ; Leroy Merlin Source, 2018, 80 p., consulté le 27 mai 2018, URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01791051.

Fassa Farinaz et Lépinard Éléonore, L’intersectionnalité: enjeux théoriques et politiques, Paris, La Dispute, Le genre du monde, 2016, 282 p.

Fassin Éric, « Les langages de l’intersectionnalité », Raisons politiques, 3 juillet 2015, Les langages de l’intersectionnalité, no 58, pp. 5‑7.

Flocco Gaëtan, Des dominants très dominés: pourquoi les cadres acceptent leur servitude, Paris, Raison d’agir, 2015, 171 p.

Leroux Nadège, « Qu’est-ce qu’habiter ? », VST – Vie sociale et traitements, 30 septembre 2008, no 97, pp. 14‑25, doi:10.3917/vst.097.0014.

Marchal Emmanuelle, Les embarras des recruteurs: enquête sur le marché du travail, Paris, EHESS, Cas de figure, 2015, 271 p.

Naville Pierre, Essai sur la qualification du travail, Réédition in Rozenblatt Patrick et Sehili Djaouida (dir.), Paris, Syllepse, Sens dessus dessous, 2012.

Rozenblatt Patrick, Razzia sur le travail: critique de l’invalorisation du travail au 21e siècle, Paris, France, Syllepse, Sens dessus dessous, 2017, 158 p.

Sehili Djaouida, « Evaluation sous influences à EDF–GDF », in Délit de gestion, MAUGERI Salvatore (dir.), Editions La Dispute, Paris, 2001.

Séhili Djaouida, La castration sociale, Collection « Le Présent Avenir », Editions Syllepse, Paris, 2003.

Serfaty-Garzon Perla, « Le Chez-soi : habitat et intimité », in Dictionnaire critique de l’habitat et du logement, Paris, France, Armand Colin, 2003, pp. 65‑69, consulté le 19 juin 2016, URL : http://docplayer.fr/12189602-Le-chez-soi-habitat-et-intimite.html.

Tremblay Diane-Gabrielle, « Le télétravail : son impact sur l’organisation du travail des femmes et l’articulation emploi-famille », Recherches féministes, 2001, no 14, Féminin pluriel, p. 53, doi:10.7202/058143ar.

Tremblay Diane-Gabrielle, Chevrier Catherine et Loreto Martine Di, « Le télétravail à domicile : meilleure conciliation emploi-famille ou source d’envahissement de la vie privée ? », Revue Interventions économiques, 1 juillet 2006, no 34, Télétravail, travail nomade, e-work et travail à domicile : les enjeux actuels, consulté le 19 juin 2016, URL : http://interventionseconomiques.revues.org/689.

Notes :

[1] Tanguy Dufournet et Djaouida Séhili, « Mutations des rapports au travail », in France, 2017.

Claude Dubar, La crise des identités. L’interprétation d’une mutation, 4e édition., Paris, Presses Universitaires de France, Le lien social, 2010.

[2] Djaouida Séhili, La castration sociale, Collection « Le Présent Avenir », Editions Syllepse, Paris, 2003.

[3] John Carey, « Retour vers le futur : comment les technologies de communication pénètrent dans les foyers américains », Réseaux, 29 août 2014, Les cultural studies, no 80, pp. 145‑157.

[4] Fabrice Dhume, « De la discrimination du marché au marché de la discrimination », Mouvements, 2007, vol. 49, Le gouvernement des enfants, pp. 128‑136 Emmanuelle Marchal, Les embarras des recruteurs: enquête sur le marché du travail, Paris, EHESS, Cas de figure, 2015.

[5] Éric Fassin, « Les langages de l’intersectionnalité », Raisons politiques, 3 juillet 2015, Les langages de l’intersectionnalité, no 58, pp. 5‑7.

Farinaz Fassa et Éléonore Lépinard, L’intersectionnalité: enjeux théoriques et politiques, Paris, La Dispute, Le genre du monde, 2016.

[6] Enzo Colombo et Paola Rebughini, « Potentialités de l’intersectionnalité : réflexions à partir d’une recherche sur la précarité du travail chez les jeunes italiens », Interrogations, 15 juillet 2015, no 20.

[7] Claude Dubar, La socialisation: construction des identités sociales et professionnelles, 4e édition revue., Paris, Armand Colin, Collection U, 2010.

[8] Patrick Rozenblatt, Razzia sur le travail: critique de l’invalorisation du travail au 21e siècle, Paris, France, Syllepse,  Sens dessus dessous, 2017.

[9] Tanguy Dufournet, Patrick Rozenblatt et Djaouida Séhili, L’essor du travail chez soi et les modalités spécifiques d’organisation du travail «multi-situé» [Rapport], France, Centre Max Weber – CNRS, Université Lumière Lyon 2 ; Leroy Merlin Source, 2018.

[10] Diane-Gabrielle Tremblay, « Le télétravail : son impact sur l’organisation du travail des femmes et l’articulation emploi-famille », Recherches féministes, 2001, no 14, Féminin pluriel, p. 53.

Diane-Gabrielle Tremblay, Catherine Chevrier et Martine Di Loreto, « Le télétravail à domicile : meilleure conciliation emploi-famille ou source d’envahissement de la vie privée ? », Revue Interventions économiques, 1 juillet 2006, no 34, Télétravail, travail nomade, e-work et travail à domicile : les enjeux actuels.

[11] Nadège Leroux, « Qu’est-ce qu’habiter ? », VST – Vie sociale et traitements, 30 septembre 2008, no 97, pp. 14‑25.

[12] Perla Serfaty-Garzon, « Le Chez-soi : habitat et intimité », in Dictionnaire critique de l’habitat et du logement, Paris, France, Armand Colin, 2003.

[13] Pascal Dreyer et Bernard Ennuyer, Le chez-soi à l’épreuve des pratiques professionnelles: acteurs de l’habitat et de l’aide à domicile, Paris, Chronique sociale, Comprendre les personnes, 2017.

[14] Djaouida Sehili, « Evaluation sous influences à EDF–GDF », dans Délit de gestion, sous la Direction de Salvatore MAUGERI, Editions La Dispute, Paris, 2001.

[15] Gaëtan Flocco, Des dominants très dominés: pourquoi les cadres acceptent leur servitude, Paris, Raison d’agir, 2015.

[16] Pierre Naville, Essai sur la qualification du travail, Réédition Patrick Rozenblatt et Djaouida Sehili (dir.), Paris, Syllepse, Sens dessus dessous, 2012.

appel à articles n.9

Cet appel à article n’est pas thématique. La revue et ses membres ont souhaités laisser les auteur.e.s libres d’intervenir sur de nombreux éléments de « controverses » autour des questions de discriminations

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Depuis leur création, les cahiers de la LCD se sont toujours situés à l’articulation entre les revendications individuelles, subjectives, les applications politiques et sociales et les traductions en droit des mouvements de lutte contre les discriminations. En vue de leur troisième année d’existence, les cahiers de la LCD proposent un bilan, en termes de controverses, des nouvelles figures, des nouveaux espaces et des nouvelles déclinaisons de la lutte contre les discriminations. C’est pourquoi, ils invitent à réfléchir aux tensions perceptibles :

  1. Combien il y-a-t-il de critères au juste ? (dans le droit pénal, selon le défenseur des droits, selon les décrets d’application…)
  1. Au total, y a-t-il trop ou pas assez de critères ? Ou en sont les discussions nationales et internationales à ce sujet ?
  1. Comment imbriquer les situations et/ou les critères de discriminations ? A quelles conditions juridiques, stratégiques et subjectives s’effectue leur (non) imbrication dans la lutte pour la reconnaissance et la lutte contre les discriminations ?
  1. Comment lutter contre l’hypo-efficacité du droit en matière de LCD (qu’il s’agisse de dépôt de plainte, d’instruction des dossiers et ou de peines prononcées, de recours, d’illégalité et ou de dommages intérêts) ?
  1. De quelle manière promouvoir le caractère efficient de la LCD : comment les politiques publiques peuvent se saisir du champ de la LCD pour un réel effet transformateur ?
  1. Comment analyser l’irruption d’Internet comme nouvel espace de LCD : quelles modifications dans la reconnaissance des discriminations (tant du point du droit et des individus) ? Quelles modifications dans les modes de dénonciations des discriminations et dans la structuration collective (physiques et/ou virtuelles) autour de la reconnaissance des discriminations ? (On pourra également penser au numérique et aux banques de données comme outil de discrimination).
  1. Actions locales, actions ciblées, actions sectorielles, actions associatives, métropolisation, régionalisation, européanisation de la LCD : comment évaluer et comparer les niveaux de LCD ?

La revue ouvre également ses pages à des formes de restitutions variées et propose aussi des :

  1. Portraits d’actrices et d’acteurs contemporain.e.s de la LCD en France
  2. Entretiens avec des acteurs et des actrices de la LCD en France

* * *

NORMES DE PUBLICATION ET RETRO-PLANNING

 

RECEPTION DES ARTICLES COMPLETS : 16 JUILLET

RETOUR AUX AUTEUR.E.S : 3 SEPTEMBRE

RECEPTION DES ARTICLES CORRIGES ET RELUS : 5 NOVEMBRE

PUBLICATION PREVUE POUR FIN FEVRIER 2019

LANGUES ET DISCRIMINATIONS (N.7)

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Lutter contre les discriminations », c’est déjà savoir qu’il y a discrimination : savoir identifier le processus qui discrimine, et en connaitre les raisons. Les « discriminations linguistiques » sont diablement difficiles à reconnaître ! Certes, on sait tous que l’on se moque (gentiment) de tel ou tel accent ; que telle ou telle langue est réputée importante – ou pas. Ce qui est dit dans cette langue, ce qui est dit avec cet accent, perd alors de son importance. Et la personne qui parle dans cette langue, qui parle avec cet accent, perd lui aussi de son importance. Mais pourquoi ? La raison linguistique est généralement (toujours ?) invisibilisée : car seul celui qui a le pouvoir de la langue a le pouvoir de rendre visible la réalité. La langue, ce n’est pas que de la communication. Et certes il y a déjà là une belle discrimination entre la langue qui peut parler (au théâtre, dans les médias, à l’école, en politique, etc.) et celle qui n’a pas voix au chapitre. Mais la langue, c’est l’être même : notre mise en discours (collective et individuelle) d’une réalité universelle, la langue c’est nous. Elle nous distingue, et nous fait appartenir à une communauté. C’est ce qui nous sépare « des autres », et ce qui nous lie « à eux ». La langue nous dit que nous sommes d’autant de communautés que d’actes de parole. La langue c’est la discrimination par excellence, pour le meilleur … et pour le pire.

SOMMAIRE

Introduction (Pierre Escudé)

DOSSIER : langues et discriminations

Entre droits linguistiques et glottophobie, Analyse d’une discrimination instituée dans la société française (Philippe Blanchet)

Le principe juridique de non-discrimination appliqué au domaine linguistique De l’interdiction de discrimination à la nécessité de différenciations (Jean-Marie Woehrling)

Ce que disent « les langues vivantes régionales » de France (Pierre Escudé).

Lorsque les idéologies et les pratiques langagières ne concordent pas : le cas de l’accentisme au Canada français (Nathalie Freynet et Richard Clément).

D’une forme de caution théorique aux discriminations linguistiques. Le cas de la langue romani (Jean-Pierre Cavaillé).

Représentations identitaires et inclusion scolaire : l’opposition école/plurilinguisme (Claudine Nicolas et Sofia Stratilaki-Klein).

 

ENTRETIEN

De la discrimination dans le système éducatif français (Entretien avec Maryse Adam-Maillet).

 

VARIA.

L’accueil d’un groupe de réfugiés en provenance de « la Jungle de Calais » en milieu rural : exemple d’un double amalgame (Christophe Dargère).

 

RECENSIONS.

Thierry Bulot (dir.) (2013), « Normes et discrimination(s). Frontières, espaces et langues », Cahiers Internationaux de Sociolinguistique, n° 4 (Par J. Boutet).

Tullio De Mauro (2018), L’Educazione linguistica democratica. A cura di Silvana Loiero e Maria Antonietta Marchese, Laterza (Par P. Escudé).

Philippe Blanchet (2016), Discriminations : combattre la glossophobie, éditions Textuel (Par P. Escudé).

Réjane Sénac (2017), Les non-frères au pays de l’égalité, Presses de Sciences Po (Par J. Dagorn).

Conseil de l’Europe, La littérature didactique de la Division des Politiques Linguistiques du Conseil de l’Europe (Par P. Escudé).

 

POUR COMMANDER LE NUMERO : C’est ICI

 

Pour lire l’introduction du numéro : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01832213

Retrouverez une recension du numéro dans le n° de septembre de la revue « Sciences Humaines »

 

DIVERSITE ET LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS (N.6)

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6eme numéro des Cahiers de la LCD : sous la direction de Milena Doytcheva

Pour le commander : ici

DOSSIER

Diversité et lutte contre les discriminations au travail : catégorisations et usages du droit (Milena Doytcheva)

Face à la fragmentation matérielle et formelle,  plaider la consolidation du droit antidiscriminatoire en France (Robin Médard Inghilterra)

« Fournir les codes de l’entreprise à ceux qui en sont éloignés » : Construction et mitigation d’un risque socio-racial (Emmanuel Quernez)

Quand montrer c’est ne pas dire : analyse sémiotique comparée de deux campagnes gouvernementales de sensibilisation aux préjugés (Emmanuelle Bruneel)

Entre perceptions accrues et recours marginaux : le paradoxe des discriminations selon l’apparence physique à l’embauche (Julie Duflos et Oumaya Hidri Neys)

ENTRETIEN

20 ans de non-discrimination en France : du droit aux pratiques (Sophie Latraverse)

 

VARIA

La Justice face aux discriminations : les enjeux d’une reconnaissance (Mathilde Leborgne)

 

RECENSIONS

Milena Doytcheva : Berrey E., Nelson R. L., Nielsen L. B. (2017), Rights on Trial. How Workplace Discrimination Law Perpetuates Inequality, The University of Chicago Press, 351 p.

Julie Noel : Amosse T., Denis J.-M. (coord.) (janv.-mars 2016), « La discrimination syndicale en question : la situation en France », Travail et Emploi, n° 145, 216 p. & Amosse T., Denis J.-M. (coord.) (avr.-juin 2016), « La discrimination syndicale : un panorama international », Travail et Emploi, n° 146, 140 p.

Anna Krol, Barthélémy Barcik : Mercier J., Morel S., Déom E. (dir) (2006), La discrimination en emploi. Quels moyens faut-il prendre ?, Presses Universitaires de Laval, 270 p.

 

Pour un abonnement ou une prévente : ABONNEMENTS VENTES 1-6

SANTE ET DISCRIMINATIONS (N.5)

COUV 5

Pour ce 5eme numéro, les cahiers de la LCD ont souhaité, sous la direction de Marielle Toulze et Anita Meidani, proposer une réflexion sur la santé et les discriminations. Vous trouverez ci-joint le sommaire de ce numéro ainsi que les informations relatives à ce dernier.

Pour le commander : c’est ici

SOMMAIRE

Introduction (Anita Meidani, Marielle Toulze)

DOSSIER : santé et discriminations

Du traitement différentiel à la discrimination raciste dans les pratiques cliniques (Marguerite Cognet)

Capabilités et sans-abrisme (Renaud De Backer)

Trajectoires migratoires et expériences de soin en santé mentale (Daria Rostirolla)

Le nouveau traitement juridique contre l’éloignement du territoire des étrangers malades en France et devant la Cour européenne des droits de l’homme : quelle efficacité ? (Marion Blondel)

Quand les discriminations interrogent les pratiques de professionnel-le-s de santé (Gaëlle Donnard et émilie Jung)

 

ENTRETIEN

Le GISS | Alter Corpus, Une association engagée auprès des personnes intersexuées (Entretien de Benjamin Moron-Puech et Mila Petkova, réalisé par Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn)

 

VARIA

Les aménagements raisonnables à la croisée des chemins (Josepha Dirringer)

 

RECENSIONS

Maïtena Armagnague-Roucher (2016), Une jeunesse turque en France et en Allemagne, Le Bord de l’eau (Par V. Albenga)

Arnaud Alessandrin, Karine Espineira (2015), Sociologie de la transphobie,Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine. (par J. Cussac)

E stelle Carde (2016), Discriminations et accès aux soins en Guyane française, Les presses de l’université de Montréal (par F. Guillemaud)

 

EXTRAITS :

Introduction (par A. Meidani et M. Toulze) : ici

Entretien avec le GISS : ici

 

MEDIAS :

Le podcast de la rencontre chez Mollat (01/12/17) entre A. Meidani et M. Toulze (rencontre anime par B-E. Bellebeau) est à écouter ICI

Une recension du numéro dans la revue Lectures est disponible ICI

appel à articles n.8

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LES CAHIERS DE LA LCD

(Lutte Contre les Discriminations)

8ème Appel à articles

 Education populaire et animation à l’épreuve des discriminations

Sous la direction de Yaëlle Amsellem-Mainguy, Régis Cortesero et Emmanuel Porte

 

Télécharger l’AAA : AAA LCD 8

Les acteurs du secteur associatif envisagent fréquemment la question des discriminations comme extérieure à leur univers. En raison de leur vocation éducative, sociale, ou d’animation, et à leur orientation affichée vers l’intérêt général, ces acteurs seraient d’emblée prémunis de toute forme de sélectivité adossée à des critères illégitimes comme le sexe, la religion, l’origine, l’âge, l’orientation sexuelle, le territoire, la langue etc. (Melo (coord), 2012).

Cette distance supposée mérite cependant d’être questionnée. Ce numéro propose de diriger ce questionnement vers l’un des segments – plutôt moins étudié que d’autres alors qu’il est placé en première ligne de ces interrogations : celui des associations d’éducation populaire, opérant pour l’essentiel sur le marché du travail de l’animation socioculturelle et dans le champ des politiques et des actions en direction de la jeunesse (de Lescure, Lebon, 2017).

Education populaire, diversité des jeunesses et « discrimination positive à la Française »

Le champ de l’éducation populaire n’est pas, en effet, « aveugle aux différences » pour une première série de raisons de nature historique : ses acteurs se sont tous, historiquement, positionné par rapport à la traditionnelle question de l’unité ou de la diversité de la jeunesse (n’est-elle qu’un « mot » ? Bourdieu, 1980), mais de surcroit, l’animation socioculturelle, qui en représente la version professionnalisée, s’est d’emblée développée en référence au segment urbain et racisé de cette jeunesse, celle des quartiers « dit sensibles ». C’est également un secteur où l’on retrouve massivement employés les étudiant·e·s (Pinto, 2014).

Le développement des mouvements d’éducation populaire dès le début du 20ième siècle (Christen, Besse, 2017) est en effet traversé par la question de la division de la société en classes. Une part d’entre eux opte pour une prise en charge ciblée de jeunes définis par leur condition sociale. L’Action Catholique de la Jeunesse Française, crée en 1886, se spécialise par milieux sociaux (JOC, JAC etc.), et la constellation d’organisations de jeunesse satellites du PCF s’organise en autant d’organes de socialisation politique destinés à former les futurs militants acquis à la cause de la « lutte prolétarienne » (Augustin & Gillet 2000).

L’approche « universaliste » ciblant une classe d’âge dans sa globalité remonte également aux sources l’éducation populaire. En France, l’inspiration républicaine commune à l’instruction publique et au développement d’un mouvement comme la Ligue de l’Enseignement dès 1881 conduit à viser l’édification d’un citoyen abstrait, défini par sa seule appartenance à la Nation. Comme dans le scoutisme de Baden Powell en Grande Bretagne, la référence à un espace commun – national ou mondial – auquel les jeunes sont appelés à participer, fonde alors la revendication d’une action située par-delà les clivages de la société et des particularismes. Il s’agit d’édifier le genre de citoyen que requièrent l’organisation et la cohésion sociales (Coussée & Jeffs 2012).

Peu ou prou cette alternative et cette tension entre deux approches de la « diversité » des jeunesses, n’ont jamais cessées de traverser les acteurs de jeunesses (Coussée & Jeffs 2012). Lorsque ceux-ci se professionnalisent et s’institutionnalisent sous la houlette de l’Etat planificateur des années 60, c’est pour soutenir le développement d’une vie sociale qui peine à s’organiser dans les « grands ensembles » nouvellement bâtis (Augustin, Gillet 2000). Ce faisant, tout en participant d’une politique « universaliste » de cohésion nationale, ils s’inscrivent dans une « discrimination positive à la Française » (Doytcheva, 2007),  c’est-à-dire une pratique de ciblage d’un public particulier à partir de critères – en l’occurrence « le territoire » – qui le désignent sans le nommer.

Projets et pratiques aux prises avec la « différence »

L’ambition de ce numéro est de scruter les manifestations et les effets de ces tensions et dilemmes, dans les références, l’organisation et les pratiques de la vaste constellation d’acteurs qui, aujourd’hui, se revendique de l’éducation populaire ou en « partage les présupposés » (de Lescure, Porte, 2017). Il s’agit de cerner comment, dans une société où une gamme étendue de différences (de condition sociale, de genre, d’âge, d’orientation sexuelle etc.) sert désormais de référence aux identités individuelles et collectives, choisies ou subies (Wievorka, 2001), ces acteurs prennent en charge cette diversité ainsi que le spectre des discriminations qui l’accompagne.

Les propositions attendues se situeront dans le cadre de cette interrogation, et pourront plus particulièrement s’articuler avec un ou plusieurs des axes suivants.

  1. Sélectivité du marché de l’emploi associatif dans le champ de l’éducation populaire

Le champ de l’éducation populaire recoupe pour une large part celui de l’intervention sociale, et son développement accompagne l’évolution des métiers du travail social durant les dernières décennies. Ceux-ci connaissent une double évolution : une dualisation, avec, d’un côté, le maintien de métiers centraux historiquement construits comme des « professions », associant conventions collectives, formations spécialisées, statuts, grilles de qualifications etc., et invention continue de « nouveaux métiers » de l’autre, davantage adossés à une logique de compétence, à une plus forte indétermination statutaire et, pour un part d’entre eux, à une précarisation importante (Chopart, 2000). C’est à cette dernière catégorie qu’appartient l’essentiel des emplois dans le secteur de l’animation (Lebon 2009), phénomène que l’on observe plus largement dans le secteur de l’emploi associatif (Hély, 2005).

La tendance à la « personnalisation » des compétences dans les métiers en relation avec le public semble par ailleurs transversale, n’épargnant pas non plus les emplois les mieux protégés et les plus qualifiés et l’importance prise par la mobilisation compétences biographiques ou « personnelles » dans ce type de fonction constitue la deuxième évolution majeur (Dubet, 2002).

Ces deux évolutions posent la question des formes de sélectivité dans l’emploi dans les milieux de l’éducation populaire dans les termes de l’alternative présentées dans cet appel : faut-il recruter selon des critères « universalistes » ou bien les professionnels doivent-ils être à l’image des « publics » ?

Cette question a déjà été partiellement documentée dans les cas des animateurs « de quartiers », souvent recruté pour leur proximité supposée, en termes d’âge, de territoire et d’origine ethnique, avec leurs publics (Boucher 2005). Les logiques qui président à ces recrutements sont cependant mal connues : s’agit-il simplement, dans l’esprit des recruteurs associatifs ou municipaux, de faire jouer à ces jeunes une fonction de contrôle social vis-à-vis de leurs pairs, ou bien ces logiques de sélectivité sont-elles plus complexes, itératives, ambivalentes dans leurs visées et hétérogènes dans leurs résultats, comme d’autres espaces de recrutement (Cortesero et al. 2013).

Cette question de formes de sélection et des logiques de sélectivité mérite également d’être étendue à d’autres critères que la « race ». Le genre ou l’orientation sexuelles, par exemple, interviennent-ils et selon quelles modalités ? Le domaine d’intervention et la nature des publics constituent-ils une variable clé ? L’âge mérite également d’être interrogé lorsque qu’on sait qu’historiquement, les mouvements de jeunesse furent rarement dirigés ou représentés par des moins de 30 ans (Tétard, 2007).

  1. Associations d’éducation populaire et politiques de lutte contre les discriminations

Le champ de l’éducation populaire est aussi acteur des luttes contre les discriminations. Une étude récente révèle par exemple que dans plus de 9 actions sur 10 financées par le conseil régional d’Île de France entre 2008 et 2012, le porteur du projet était une association (L’Horty 2013).

Une meilleure connaissance de la nature de cette contribution s’impose donc. Comment les  acteurs de l’éducation populaire se saisissent-ils des possibilités offertes par l’action publique antidiscriminatoire au travers de ses programmes de financement, pour développer des actions dans les champs de la lutte contre les discriminations ? Comment appréhendent-ils et conçoivent-ils ces actions ?

On pourrait par exemple (sans que cette piste soit exclusive) poser la question de leur positionnement au regard de la dimension politique de la lutte antidiscriminatoire. Ambitionnent-ils de réaliser un travail de « conscientisation » des jeunes, de leur offrir les outils d’une meilleure compréhension des mécanismes de pouvoir et d’éviction dont ils sont l’objet, à l’instar des pratiques d’empowerment de jeunesse observées outre atlantique (Talpin…). A contrario, participent-ils de la logique de dépolitisation à l’œuvre sur le temps long dans les programmes d’actions publics, en subsumant la question des discriminations dans des thématiques renvoyant aux individus et à leur mobilisation, comme la diversité ou l’insertion (Doytcheva 2015). De façon générale, il conviendrait ici de se demander quelles entrées sont privilégiées par ces acteurs (intégration ? laïcité ? diversité ? accès aux droits ? etc.), pour quelles raisons, et avec quelles conséquences quant à la façon de concevoir et mener des projets dans le champ de la lutte antidiscriminatoire. La même question pourrait être posée quant à la sélection des critères jugés pertinents pour construire des projets d’action (genre, âge, origine, territoire, etc.). Comment une hiérarchie des critères prioritaires prend-elle forme, et au terme de quels processus ?

  1. Vice et vertu de la mixité : la question des publics

La tension entre ciblage et universalité a enfin conduit, dans les années récentes, à la multiplication de travaux étudiant les mécanismes de filtrages des publics dans l’accès aux dispositifs et l’offre proposée par l’éducation populaire. Mais on peut s’interroger aussi sur la question des lieux et des espaces de la mixité. L’éducation populaire a historiquement beaucoup investie “les lieux” comme espace de la mixité (Besse, à paraître) et invite à se questionner sur le “remplissage” et l’animation de ces lieux.

La sélection par l’argent a ainsi été constatée dans le cas des colonies de vacances, dont les évolutions récentes démontrent un recul de la mixité sociale et raciale (Leroy, 2017). Des logiques d’exclusion des publics féminins ont également été mises à jour dans le cas de l’offre de loisirs organisés, dont l’analyse révèle qu’elle est elle-même fortement genrée (Bacou, Raibaud, 2011). Le même constat pourrait sans doute être proposé dans le cas des offres de loisir localisées dans les quartiers populaires, et attirant de fait, pour l’essentiel, un public ethnicisé (Masclet, 2003).

Ces travaux montrent aussi, au-delà des effets d’éviction, comment la faible mixité tend à constituer ces espaces comme des lieux de construction et la consolidation des identités autour desquels les jeunes se retrouvent. Les stéréotypes genrés à partir desquels les activités de loisir sont conçues et gérées permettent aux adolescents de les mobiliser comme des lieux d’affirmation de leur virilité (Guérandel 2011). Les interactions entre les animateurs « issus des quartiers » et de leurs publics racisés suscitent parfois des « positionnements en miroir », pouvant, par exemple, favoriser, par un jeu de reconnaissance réciproque, l’appropriation d’une identité « musulmane » (Kerivel, 2014)…

Les propositions d’articles pourront s’inscrire dans le prolongement de ces travaux, et viser à en consolider ou en discuter les constats. Elles pourront également essayer de les étendre à d’autres espaces et d’autres critères, par exemple l’orientation sexuelle. Elles pourront également s’intéresser à la façon dont ces questions sont pensées et prises en charge par les organisations concernées. Historiquement en effet, ces organisations ont assumé divers partis pris face à la diversité de leurs publics, en se concentrant, par exemple sur les jeunes issus des milieux ouvriers dans une perspective de promotion et d’émancipation d’une classe sociale. Dans les cas de figure évoqués ici, aucun « choix » ne semble explicitement gouverner à la construction d’un public genré ou ethnicisé. Comment, par conséquent, cette construction est perçue, traitée, accompagnée ou combattu par les directions et les acteurs de ces structures ?

Les propositions pourront également prendre le contrepied des travaux cités, qui ont en commun de traiter la faible mixité comme un « manque », comme un « défaut » à corriger. Cette relative homogénéité des publics ne peut-elle pas, dans certain cas, constituer une ressource (Duru Bellat, Marin, 2010), par exemple sur d’autres plans de la construction de l’identité ? Ne permet-elle pas à des jeunes identifiés par leur appartenance à une minorité, de trouver dans cet entre soi le support d’une réappropriation positive de leur identité, que le stigmate vécu à l’extérieur fragilise (Goffman, 1975) ? N’offre-t-elle pas la protection des « contre-publics subalternes » (Fraser, 2005) qui permettent à ceux dont la parole est confisquée par les mécanismes de la domination symbolique de retrouver, par l’échange entre pairs,  les mots pour maitriser leur expérience et élaborer une vision partagée, plus directement sociale et politique, de leur condition ?

BIBLIOGRAPHIE

Augustin A., Gillet J.C. (2000), l’Harmattan, Paris

Bacou M., Raibaud Y. (dir.), 2011 « Mixité dans les activités de loisir. La question du genre dans le champ de l’animation », Agora Débats / Jeunesse, n°59, 2011

Boucher M. (2005), « La question ethnique, l’intervention sociale et la laïcité. Les enjeux des discriminations raciales dans le travail social », Connexions, vol. no 83, no. 1, pp. 99-114

Bourdieu P. (1980)., « La jeunesse n’est qu’un mot », in Questions de sociologie, Minuit, Paris, 1980, pp. 143-154

Chopart J.N.(2000), Les mutations du travail social. Dynamique d’un champ professionnel, Dunod, Paris, 2000

Christen C., Besse L. (dir. 2017), Histoire de l’éducation populaire 1815-1945. Perspectives françaises et internationales, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et Civilisations », Villeneuve d’Ascq

Cortesero, R., Kerbourc’h, S., Mélo, D., & Poli, A. (2013), « Recruteurs sous tensions. Discrimination et diversité au prisme de registres argumentaires enchevêtrés » Sociologie du travail, 55(4), 431-453.

Jeffs, T. & Coussee, F. (2012), « Informal Education in a Historical Perspective: Between an instrument of social education and a socio-educational practice », in Loncle, P., Cuconato,M., Muniglia V. & Walther A. « Youth Participation in Europe », Policy Press.

de Lescure E., Lebon F., (dir). 2017, L’éducation populaire au tournant du 21e siècle, Les éditions du croquant, Vulaine sur Seine

de Lescure E., Porte E., (coord) 2017, « Éducation populaire : politisation et pratiques d’émancipation », Agora débats/jeunesses, , no.2 volume° 76

Doytcheva M. (2007), Une discrimination positive à la française ? Ethnicité et territoire dans les politiques de la ville, la Découverte,  Paris

Doytcheva M. (2015), Politiques de la diversité. Sociologie des discriminations et des politiques antidiscriminatoires au travail, PIE Peter Lang, coll. « Travail & Société », Bruxelles

Dubet F. (2002), Le déclin de l’institution, Éd. du Seuil, coll. L’épreuve des faits, Paris

Duru-Bellat M et Marin B., 2010, « La mixité scolaire, une thématique (encore) d’actualité ? », Revue française de pédagogie, 171, p.5-8

Fraser N. (2005), Qu’est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et redistribution, La Découverte, Paris

Goffman E. (1975 [1963]), Stigmate. Les usages sociaux du handicap, Les Éditions de Minuit, Paris,

Guérandel, C. (2011), « Sports, genre et jeunesse populaire : le rôle central des professionnels. » Agora débats/jeunesses, 59,(3), p. 93-106

Hély M. (2009), Les métamorphoses du monde associatif, Presses universitaires de France, coll. « le lien social », Paris

Leroy C. (2017), « Colonies de vacances, la fion de l’âge d’or », Sciences humaines, no 293, Juin

L’Horty  Y. (2013), « Anatomie d’une politique régionale de lutte contre les discriminations », TEPP, Rapport de recherche, no. 2013-01

Masclet O. (2003), La gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, Éd. La Dispute, coll. Pratiques politiques, Paris Melo D. (coord), (2012)  « Manières de recruter : l’égalité des chances à l’épreuve de l’expérience des recruteurs », Convention DARES, APR « Pratiques de recrutement et sélectivité sur le marché du travail »,

Pinto V. (2014), À l’école du salariat. Les étudiants et leurs “petits boulots”, PUF, collection « Le Lien social »,Paris .

Talpin J. (2016), Community organizing. De l’émeute à l’alliance des classes populaires aux Etats-Unis, Raisons d’agir, coll. « Cours et travaux », Paris

Tétard, F. (2007), « Vous avez dit éducation populaire ? Itinéraire chronologique », Agora Débats/Jeunesse, no 40

Wieviorka M. (2001), La différence, Les Éditions Balland, Paris

Les propositions sont à adresser au plus tard le 08/12/2017 à

Yaelle Amsellem-Mainguy: Yaelle.AMSELLEM-MAINGUY@jeunesse-sports.gouv.fr

Emmanuel Porte : Emmanuel.PORTE@jeunesse-sports.gouv.fr

Regis Cortesero : regis.cortesero@gmail.com

Ces propositions devront comprendre :

  • Une présentation de(s) auteur.e.s -2,3 publications et affiliations
  • Un résumé en français d’une à deux pages
  • Une bibliographie indicative

CALENDRIER

retour aux auteurs : 15/12/201è

remise des articles selectionnés : 27/04

mise en forme des articles et derniers retours aux auteurs : mai-Juin 2017

remise des articles au comité de rédaction / rédaction en chef : FIN AOUT 2018

publication : FIN OCTOBRE 2018

Les propositions finales devront comprendre :

  • L’article complet (30.000 environ)
  • Une présentation de(s) auteur.e.s -2,3 publications et affiliations
  • Un résumé en français (10lignes)
  • Privilégier des articles avec 2 niveaux de titre maximum.

 NORMES DE REDACTION :

  • Les notes de bas de page ne renvoient pas aux références bibliographiques mais permettent d’indiquer des éléments n’apparaissant pas dans le texte.
  • Les références s’écrivent dans le texte (NOM, Date) : si plusieurs références d’un même auteur renvoient à la même date, merci d’accoler à cette dernière une lettre (a, b, c) que l’on retrouvera en bibliographie.
  • Pour les livres : Nom Initiale du prénom. (date), Titre du livre, édition, collection, date.
  • Pour les articles : Nom Initiale du prénom. (date), « Titre de l’article », Nom de la revue, numéro, volume, pagination (ex : pp. 10-20).
  • Pour un chapitre de livre : Nom Initiale du prénom. (date), « Titre de l’article », in Titre du livre (Nom de / de la dir., Initiale du prénom, dir.), éditeur, coll., pagination (ex : pp. 10-20).
  • Pour les articles électroniques, merci de compléter vos références par : Disponible sur : lien. Consulté le : Jour / Mois / Année.
  • Les citations (textes ou entretiens) sont proposées en « italique ».
  • Chaque auteur.e soulignera 2-3 phrases importantes de son texte afin que ces dernières puissent être mises en exergue lors de la mise en page.
  • Les illustrations utilisées doivent être libre de droits (ou fournies avec un accord d’utilisation). Les graphiques et illustrations sont numérotés et comprennent titre et légende.

Les articles feront l’objet d’une double expertise par les membres de comité scientifique